ABUS DANGEREUX TOUS EN TONG PUNKRAWK
         

ABUS DANGEREUX 79

Voilà qui est bien pratique quand on a un label, hein Mr Lollipop... Non content d'avoir de bons groupes sous la main dans so propre ville, on pousse le vice jusqu'à jouer soi-même dans les Neurotic Swingers et à sortir le CD sur son propre label, bien évidemment ! On va s'gêner, tiens ! Pffttt, heureusement que la qualité du rock & roll bien excité du neurone est là, sinon je n'hésiterais pas à dénoncer haut et fort cette situation quasi mafieuse !! (Interview intégrale, non censuré)

1) Pouvez-vous expliquer les liens incestueux qui rattachent les Neurotic Swingers, Lollipop et les Gasolheads ?

Stéphane : En fait, c'est simple : Olivier et Pascal jouent dans Gasolheads et je s'occupe de Lollipop. Avec Pascal, on joue maintenant ensemble dans les Neurotic Swingers.Lollipop a sorti les deux premiers albums des Gasolheads et s'apprête à sortir le troisième pour Septembre (et ceci, malgré la rumeur qu'ils cherchent à répandre selon laquelle leur 1er album sorti sur Lollipop n'est que la version CD postérieure de leur double 45 T sorti chez Rockin' Bones, alors que ce double 45 T est sorti bien 6 mois après le CD, bon...). Là où ça se complique, c'est qu' Olivier, expert en Photoshop et Dreamweaver, fait la plupart des pochettes des disques du label, qu'il a fait aussi la pochette du Neurotic Swingers et qu'il a conçu tous les sites internet des labels et groupes marseillais . Enfin, en creusant un peu, on s'aperçoit que ces trois gaillards jouaient déjà ensemble au début des années 90 dans un groupe obscur, dont les derniers exemplaires de leur seul et unique CD se vendent à prix d'or dans les foires à disques, et ceci malgré une médiocrité peu égalée. Au fait, Olivier et Pascal sont frères et leurs relations sont fortement influencés par les frères Gallagher d'Oasis.

P : Et ce qu'oublie de dire Stéphane, c'est qu'en plus de tout ça, on a encore trouvé le moyen de monter ensemble une asso d'organisation de concerts, " La Ratakans Connexion " qui programme tous les mois à la " Machine à coudre ". Mais gross-modo, c'est la scène marseillaise en général qui est incestueuse. Un exemple : je joue dans les Neurotic avec Raphaël qui joue aussi de la basse dans Dollybird dont le chanteur Hugues a enregistré notre 25 cm et va faire le 3eme Gasolheads et on partage tous les même roadies et les même camions, en fait, on se croit tous à New-York en 76 et la " Machine à coudre, c'est le CBGB, AH Ah !

2) Pascal étant donc le guitariste des Gasolheads, est-ce que cela ne fait pas double emploi pour lui de jouer dans les Neurotic Swingers (Même si la musique est sensiblement différente) ?

P : Comme tu dis, ça fait vraiment double emploi, mais quand on aime, on ne compte pas hein ? Et puis personnellement, ça m'a fait beaucoup de bien de monter les Neurotic, parce que la musique est effectivement différente et là je peux y aller dans le " early 77 glam rock & roll (euh ?) ", alors qu'avec les Gasolheads, je me serais fait lyncher pour avoir mené un morceau comme " What's your definition… " en répétition. En fait, le plus gros problème, c'est l'emploi du temps, essayer de ne pas se faire chevaucher les tournées des uns et des autres et de ménager le sensibilité de tout un chacun. Un groupe, c'est pas assez bordel !!

3) Pourquoi avoir sorti la version vinyl du disque sur Shark Attack et non sur Lollipop ?

S : En fait, au départ, nous voulions sortir quelque chose sur un autre label que Lollipop, afin de différencier un peu le groupe du label. Et puis on avait un peu besoin de savoir qu'un autre label voulait bien sortir quelque chose de nous. Avec Lollipop, c'est un peu trop facile. Nous avions enregistré une démo 6 titres, qu'on comptait d'abord envoyer aux zines, attendre quelques chroniques, puis envoyer aux labels. De mon côté, faisant des échanges avec Dave de Shark Attack, j'en ai profité pour lui faire passer notre démo un peu en avance. Et il a été tout de suite partant pour faire quelque chose avec nous. Nous, on était super contents d'être sur un label qui a sorti Jerry Spider Gang, Wonky Monkees, Holy Curse, Protex Blue... Dave ne pouvait pas faire le vinyl et le CD, donc tu parles si on a choisi le vinyl !! Shark Attack a été le seul label qui ait reçu notre démo. Nous, on avait l'idée de faire juste un 25 cm, puis d'autres opportunités sont arrivées...

4) Il y a le logo Myrmecoleo Rds sur la pochette. Est-ce que le disque est aussi sorti au Japon ?

S : Myrmecoleo avait déjà co-produit notre split 45 T avec le groupe Dogmatic Salamander. Là encore, le groupe a profité des contacts que j'avais grâce au label. Je lui ai envoyé nos 8 titres, pour savoir s'il pouvait distribuer le 25 cm au Japon. Il m'a dit que c'était trop difficile de distribuer du vinyl pour un groupe peu connu. En fait, pour distribuer un disque au japon, il faut d'abord que ce soit un CD, et qu'il y ait un livret interieur en japonais et un petit papier (appelé obi) sur la tranche du CD avec un petit explicatif en japonais également. Sous forme de boutade, je lui ai demandé s'il ne voulait pas sortir la version CD. A ma grande surprise, il était partant pour le co-produire ! Donc, on a fait une belle co-prod massilia-stephano-japonaise !!

5) Si oui, avez-vous des échos de l'accueil ?

S : Le CD sort au Japon en Août. Nous n'avons pas d'échos pour l'instant. Notre split 45 T est sorti au Japon à 300 exemplaires et Kenji, le boss de Myrmecoleo a pratiquement tout vendu et m'a dit qu'il y a eu de bonnes chroniques. Mais bon, il n'a pas le temps de me traduire ça en anglais. Déjà, il fait un travail énorme car il doit faire un livret intérieur en japonais, traduire les paroles de nos chansons en japonais etc... C'est vraiment un mec super, complètement investi. Il écrit dans des gros magazines et zines, a un groupe terrible et son label va devenir très très gros je pense d'ici peu. Il trouve des distros partout en Europe, aux USA. Nous, on va en profiter avec les Neurotic, c'est vraiment cool. Il connaît presque la scène française mieux que moi !! Il connaît tous les labels français et européens les plus obscurs qui ont sorti juste un 45 T ou deux . C'est un phénomène !! J'arrête pas de la harceler pour qu'il nous organise une tournée au Japon "pour faire swinguer les friponnes nippones" comme ils disent dans Dig It !

6) Vous semblez des adeptes de la "prise rapide" pour l'enregistrement. Est-ce un parti pris ou un manque de budget ?

P : Pour le 25cm, ça a été totalement un parti-pris, à 5 dans une pièce et 1-2-3-4 Let's go ! Par contre pour l'album qu'on devrait enregistrer en décembre là ça risque d'être une autre paire de manche. Moi, je fais du low-fi speed punk depuis 4 ans et je suis tenté par une nouvelle expérience, on en a pas mal discuté entre nous et on est assez d'accord sur le fait de soigner la production. On verra bien comment ça se passera et pour le budget, ça va pas être facile mais je pense que pour le futur, on va essayer de peaufiner le truc.

7) Vous semblez également fonctionner sur le mode "Gasolhead" pour la durée des morceaux, des lives... A savoir qu'un morceau rock de plus de 3 minutes est du rock progressif !

S : Ah non, pour Gasolheads, un morceau rock de plus de 2 min 30 est du rock progressif. Nous, c'est 3 minutes. Toute la nuance est là ! On aime les musiques simples et directes. Les chansons trop riches me gonflent. Je respecte le principe soi-disant issu du punk-rock selon laquelle il n'y a aucune règle en matière de composition de morceau, qu'il faut expérimenter au-delà de l'éternel couplet-refrain-couplet-refrain-break-solo-refrainx2, mais cela ne m'intéresse pas. Tu peux être, je pense beaucoup plus créatif avec un roulement de batterie judicieusement placé plutôt qu'en enchaînant les breaks. Je suis d'accord avec Iggy Pop qui disait qu'un bon morceau est un morceau que tu peux chanter seul avec ta gratte. Je trouve que c'est assez difficile, surtout aujourd'hui, d'être simple et efficace. Ensuite ce sont les petits détails, les petits arrangements qui font qu'on se lasse pas d'un morceau et qu'on prend toujours du plaisir à l'écouter encore et encore. Il faut qu'on sente l'urgence, la colère, la simplicité ou le fun. Ca va mal avec de morceaux de 5 minutes je trouve. Mais bon, on va pas se prendre la tête, c'est juste du punk-rock.

Mais si tu veux parler de la brièveté de notre concert à Toulouse, il ne faut pas non plus oublier que notre première répète date d'août 2001 et qu'on est tous occupés à côté par nos autres groupes et label. En 10 mois, on arrive déjà à une quinzaine de morceaux, c'est pas si mal. Et de la même manière, en tant que spectateurs, les concerts de plus de 45 min me gonflent aussi. Donc ça tombe bien !

8) Il est maintenant peu courant que des groupes aient un morceau éponyme sur leur disque. Est-ce que le titre "Neurotic Swingers" raconte l'origine du groupe ?

S : Ca raconte ce que nous sommes : des fous du swing totalement névrosés ! !

9) C'est assez déconcertant de voir, à l'intérieur de la pochette, "What's Your Definition Of The Underground" traduit par "Quelle est la définition du métro"... Est-ce que vous en aviez marre que l'on vous pose des questions sur l'underground ou parce que vous pensez que le mouvement underground, quelque part, n'est qu'une vaste plaisanterie (Tous cessent de penser "underground" dès que l'argent pointe son nez...) ?

S : Cette traduction inopinée est le fait d'Olivier Gasol, qui n'est pas le dernier pour déconner, le bougre ! Il subit depuis nos foudres répétés ! Mais si cela crée un décalage bienvenu, pas de problème, on peut dire que c'est volontaire.

Avec ce titre, on veut plus interpeller qu'imposer un avis définitif sur le sujet. C'est un vaste débat au sein même du groupe, difficile à synthétiser en quelques mots. En tout cas, cela ne se veut pas ironique à propos des acteurs de l'underground. Bien au contraire. J'ai un respect immense par exemple pour un gars comme Ian McKay. Imposer son groupe et son label de la sorte, en faisant si peu de concessions (car on en fait toujours un peu), chapeau. Ceci dit, je partirais pas en vacances avec lui, hé hé. Dans un autre domaine, Cassavetes acceptait des rôles dans des films ou des séries grands publics pour pouvoir financer ses propres productions indépendantes. Je suis sûr que les avis divergent déjà sur ce dernier cas. Faut-il être extrême comme Maximum Rock &Roll, qui vient de quitter Mordam car ces derniers acceptent de distribuer des disques sortis sur des labels indés, mais en licence sur des majors ? Cela se défend, car le but de Mordam, à la base, c'était de créer une distribution alternative en dehors de ces majors justement. Mais bon, les disques d'Alternative Tentacles, distribués par Mordam se retrouvent de toute façon en France dans les Fnac et Virgin, qui ne sont pas des philanthropes. Cela peut sembler un combat perdu d'avance. Mais bon, on peut lutter chacun avec ses armes.

D'un autre côté, il y a des fanzines tirés à 30 exemplaires qui critiquent Sugar & Spice. Pourquoi ? Parce qu'ils nous trouvent des disques disponibles nulle part ailleurs, que cela demande un boulot monstre et ce gars-là voudrait bien en vivre un peu. Si ça, c'est pas légitime ! Respect Laurent. Ce sont les même qui pleurent qu'il n'y a pas des disquaires indés près de chez eux.

Il y a aussi l'autre versant, certains groupes demandent des subventions avant même des chercher des concerts ! C'est le monde à l'envers. Johnny Thunders, il était subventionné peut-être ? Il y a des limites ! Je ne pourrai jamais faire ça.

Je pense, en conclusion que l'important est de rester cool.

P : Pour être honnête, il n'y a rien à creuser derrière cette traduction, un délire qui passe par la tête… Par contre je suis un fervent partisan de " l'underground " et du " do it yourself " : fuck les majors, fuck les subs mais fuck aussi le prosélytisme et l'austérité, chacun est libre de mener sa barque comme il l'entend. Ma définition à moi de l'underground serait plutôt celle de Maximum R & Roll mais bon, je ne vais pas aller faire chier tous les mecs qui ne pensent pas comme moi, heureusement sinon j'aurais plus beaucoup d'amis dans le monde du R&R, parce que question réflexion sur l'indépendance, houlà c'est pas le milieu que je préfère. Je pense aussi, en conclusion que l'important est de rester cool.

10) N'avez-vous pas parfois, en tant que fans de rock (Avec Lollipop et les Gasolheads), l'impression d'être les derniers gaulois résistants aux envahisseurs, dans le panier de crabes pas très rock qu'est Marseille ?

S : C'était peut-être le cas il y a 2-3 ans. C'est moins vrai aujourd'hui. Bon c'est sûr, Marseille n'est pas une ville rock et sera toujours plus connu pour IAM et sa scène Rap que pour sa scène punk-rock. Mais bon, cela s'améliore. Déjà niveau qualité des groupes on est bien loti : Gasolheads, Cowboys From Outer Space, Sugarfix (RIP. J'espère qu'on redécouvrira un jour leur superbe album. si ces gars-là n'étaient pas si fainéants !!), euh Neurotic Swingers (?), ou encore Take Shit Back (HC), Sweet Children (street-punk), ou Dollybird (power-pop)... On arrive à voir pas mal de concerts grâce à la Machine à coudre et des assos très actives. C'est assez significatif d'un changement important que New Bomb Turks passent ici cet été. Cela aurait été inimaginable il y a quelque temps. La scène marseillaise est en bonne forme, elle est soudée, elle est bien portante : Masillia's still burning ! D'un autre côté, n'est-ce pas trop dur de vendre des disques punk-garage dans la ville de Zebda ?

11) Projets...

S : On va enregistrer 3 ou 4 titres pour tenter de faire un split avec un groupe étranger (on adore ça les splits !!) et pour un tribute aux Devil Dogs qui sortira en CD et double vinyl sur Head Dip et Junk records. Il y aura du beau monde : New Bomb Turks, Hives, Peawees, Onyas, Yum Yums, D4, Gasolheads, Jerry Spider Gang..... Ensuite, on va enregistrer l'album pour décembre. On sait pas chez qui ça sortira encore Puis tourner et tourner encore. On veut des concerts arrosés et des gueules de bois !!! Yeah !

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TOUS EN TONG

A la fin du mois d'octobre, le groupe néo-zélandais The Datsuns se produit à Lyon. Mais si nous nous rendons au Ninkasi Kao ce soir là, c'est surtout pour voir les Neurotic Swingers. Le groupe marseillais balance un punkn'roll incroyable sur scène ou sur leur dernier album "Artrats" et nous on adore. Petite rencontre aftershow avec les quatre gaziers, tard dans la soirée dans les loges. L'occasion de faire le point sur leur tournée américaine, sur la scène rançaise, de boire des bières et de raconter pas mal de conneries... pour notre plus grand plaisir.

Tong : Salut les Neurotic Swingers, présentation, antécédents musicaux, etc.

Steph : Stéphane Lollipop, guitare.

Pascal : Moi c'est Pascal, guitariste et je jouais avant dans les Gasolheads. Et je crois qu'après les Gasolheads, les autres ont pas besoin de dire d'où ils viennent parce que c'est la misère pour eux.

Raph : Les Gasolheads c'est de la merde. J'étais avec Mat, on a demandé à Stéphane de venir gratter avec nous, puis à Pascal qui jouait dans un groupe de merde. Sinon, je chante et je joue de la basse.

Mat : Mat Sugar, batterie. Je jouais dans Sugarfix, d'où Mat Sugar...

Tong : On vous a vu à Lyon il y a quelques mois au Blue Banana, vous revenez aujourd’hui dans une salle plus grande, en première partie des Datsuns. Comment avez-vous trouvé le public lyonnais ce soir ?

Raph : Les gens n’étaient peut-être pas venu spécialement pour nous mais j’ai trouvé qu’il y avait du répondant. Des mecs se sont pointés sur le stand à la fin pour nous dire qu’ils avaient apprécié…

Steph : Je crois surtout qu’on leur a mis la race aux Datsuns ce soir, à mon avis ils ne s’en remettront pas… (rire)

Mat : C’est qui les Datsuns ?

Tong : Vous revenez juste d’une tournée aux Etats-Unis, comment ça s’est passé ?

Steph : On a des avis différents sur la question. Moi j’ai trouvé ça vachement intéressant même si c’est difficile : l’accueil est pourri, aucune promotion sur place… On a joué dans des salles presque vides où notre nom n’était même pas annoncé le soir-même. Mais c’était un super trip !

Pascal : Aller jouer aux Etats-Unis pour un groupe français, avec tous les fantasmes que tu as, c’est un truc à faire. Moi, tous mes fantasmes liés au rockn’roll aux Etats-Unis se sont démontés les uns après les autres. Tout le monde dit : aux Etats-Unis tu mets un coup de pied dans un arbre il en tombe trois bons groupes, c’est une connerie. On a joué avec trois groupes par soirée et franchement, il y avait que des groupes de merde, genre le groupe de ton petit cousin qui se met au hardcore mélodique, ou alors du mauvais garage-punk à la Nashville Pussy. En fait là-bas, ils ont une vision de la musique complètement différente de la notre : les groupes se montent dans l’espoir que ça marche un jour. Les mecs arrivent, posent le matos, jouent et se cassent, aucun échange, aucune festivité.

Raph : Maintenant, on a plus aucun complexe. On vit en Europe et c’est dix fois plus rockn’roll qu’aux Etats-Unis !

Steph : Il faut pas trop généraliser non plus, on a rencontré des mecs supers là-bas comme les Sleazies ou les Briefs qui se détachent vachement de la mentalité américaine, c’est des OVNI ! On va essayer de refaire ça avec des gens plus concernés, et sûrement sur la Côte Oust car sur la côte Est, c’est pas très punk. En tout cas, c’était un rêve de jouer à New-York et je suis heureux de l’avoir fait, même si il n’y avait pas grand monde.

Tong : Votre album ‘Artrats’, sorti l’an dernier a récolté des critiques élogieuse un peu de partout, et notamment aux Etats-Unis, quel effet ça fait d’avoir une chronique dans Maximum Rockn’roll ?

Steph : Ouais bien sûr ça fait plaisir. Mais tu sais, en France, il y a un mec qui nous aime bien, qui s’appelle Patrick Tad Foulhoux et qui écrit dans au moins dix magazines, c’est aussi simple que ça.. (rire)

Tong : Dans une interview, les Hatepinks ont dit que vous étiez obligé de sucer les mecs de rockn’folk ?

Raph : Alors on va mettre les choses au point tout de suite, les Hatepinks, je les aime !

Pascal : Moi les Hatepinks je les aime pas du tout, je comprends pas pourquoi ils parlent toujours de nous, nous on parle jamais d’eux !

Tong : Vous avez joué ce soir avec les Datsuns qui est un groupe qui marche bien. Pensez-vous que ce fameux revival rockn’roll peut avoir de l’impact en France et vous permettre de toucher plus de gens ?

Raph : Ouais les Datsuns c’est pas trop mon truc, je suis pas branché hard-rock. Après, j’aime bien les White Stripes, les Headcoats, même the Hives je pense que ça a remis au goût du jour un certain style. Dans chaque pays, il y a un gros groupe rockn’roll qui déchire, mais il est vite rattrapé par les majors. En fait, on s’en fout un peu !

Pascal : Il a répondu à côté de la plaque. Par rapport au revival rockn’roll, ça fait trois ans qu’on le ressent : avant on jouait devant 40 personnes, et maintenant devant 60 personnes, c’est assez impressionnant (rire). J’ai une petite cousine qui a 16 ans et qui est au lycée, elle écoute les Strokes. C’est toujours mieux que de la techno de merde ou les trucs que leur propose M6. A la télé, les gens voient the Hives, the White Stripes, et il se disent qu’un guitare électrique et une batterie ça existe encore, donc on va pas cracher sur ces groupes là.

Tong : Avec quels groupes en "the" vous n’auriez pas envie de jouer ?

Mat : Avec The Datsuns ! (rire)

Steph : Je sais pas quoi répondre… en fait, on s’en branle un peu. Ca fait 10 ans qu’on fait du punk-rock, on a pas attendu ces putains de groupes en "the".

Raph : Moi j’aimerais bien faire la première partie de The Velvet Underground.

Tong : Il y a quelques année, on avait l’impression que les groupes rockn’roll en France cherchaient à être le plus garage possible. Avec vous et quelques autres, les mélodies, les tenues soignées et le maquillage semble être de retour, c’est le revival glam ?

Raph : Là tu touches un point sensible. Déjà ce que je veux dire c’est que nous, les Hatepinks, les Man made monsters et quelques autres, on est habillé pareil sur scène et dans la vie de tous les jours. Mat : Non, les Hatepinks se déguisent, nous pas.

Steph : Concernant les mélodies, je crois qu’elles ont toujours été présentes dans le punk-rock, chez les Boys, les Vibrators… je ne pense pas qu’on amène un truc nouveau sur ce plan là.

Raph : Un dernier truc pour les jeunes groupes. Putain, les mecs faites un effort quand vous montez sur scène, arrêtez ces t-shirts pourris de groupes de merde, soignez votre look, soyez sexy, maquillez-vous, mettez des chemises a jabots, des bonnes bottes…

Pascal : Par contre, si vous mettez des bottes, achetez des Harley Davidson ou des Carolina, pas des imitations de la Halle aux chaussures !

Tong : Vous avez joué avec des grosses pointures du rockn’roll, comme Radio Birdman, Guitar Wolf ou les Datsuns (!)… quels sont les groupes qui vous ont vraiment mis sur le cul ?

Steph : Radio Birdman non. Quand je les ai vu, je me suis dit que j’aurais vraiment du les voir 20 ans avant. Guitar Wolf à la rigueur… Le problème, c’est qu’on leur met la race à tous ces groupes quand on joue avant ! (rire)

Raph : Radio Birdman, je préfère écouter leurs disques. Aujourd’hui, il y a un revival, ils reviennent mais ça vaut pas le coup. Je préfère jouer avec les Sleazies, les Briefs qui viennent et qui envoient à mort en se foutant du reste.

Steph : En ce moment, il y a toutes les reformations possible et imaginables, et la plupart sont ridicules : New York dolls, MC5… je refuse de voir tous ces groupes maintenant. Des groupes comme MC5, ça sert à quoi qu’ils se reforment ? Ils jouent les mêmes trucs qu’il y a 40 ans mais en moins bien ! Je préfère voir des vieilles photos ou des vidéos, quand ils étaient jeunes, beaux et qu’ils envoyaient plutôt que de les voir en vrai maintenant, gros, chauves et à la rue sur scène !

Pascal : J’ai vu une photo de la reformation des MC5, il y a un putain de drapeau Levi’s au fond de la scène. C’est inimaginable que Wayne Kramer est accepté ça ! Que tu sois vieux et con c’est une chose, mais que tu rejoues avec ton ancien groupe comme si tu avais 22 ans et que tu acceptes ça, je trouve ça monstrueux.

Tong : Justement, on fait souvent référence à des groupes anciens en parlant de vous… mais quels sont les groupes de votre génération qui vous font vibrer ?

Pascal : Si tu laisses ton magnéto tourner 10 minutes, je te parle des groupes dont les gars ont moins de 30 ans et que j’écoute à longueur de journée. Rien qu’en Allemagne, j’adore les Cellophane suckers, Dumbel, Shakin’ Nasties ; en France, j’adore Jerry Spider gang, les Cowboys from outer space, les Hatepinks, Holy Curse… et puis The Distraction, les Sleazies… On a des bons groupes en Europe, mais aussi en France, on n’a rien à envier aux Etats-Unis ! Par contre, ça fait longtemps que je n’écoute plus de rock scandinave, je me l’interdis. Parce que les petits bourges avec la mèche sur le front, qui font péter la révolution à coups de gros sons et de cassage de couilles, moi j’écoute plus. Pour les Etats-Unis, tu peux pas généraliser mais c’est grand comme 30 fois la France et proportionnellement, ils ont pas plus de meilleurs groupes que nous.

Mat : Mais il y en a certains qui le savent. Les Briefs par exemple, ils s’intéressent à l’Europe car ils sont curieux, ils savent qu’ils vous croiser sûrement autant de bons groupes en faisant une tournée européenne que dans tout leur pays.

Tong : Stéphane, quels sont les projets du label Lollipop ?

Steph : On a le festival Lollipop à Paris dans 15 jours, deux jours de concerts avec les Briefs, nous, Petit vodo, Hatepinks, etc., des afters sauvages au Petit Garage et tout sera filmé pour un DVD qui regroupera tous les meilleurs moments ! Sinon, un tourneur allemand nous a proposé de nous organiser une grosse tournée européenne avec les Neurotic, c’est en projet.

Tong : Question à la con pour finir : est-ce que, comme tout bon marseillais qui se respecte, vous êtes des supporters de l’OM ?

Steph : On s’en branle ! Mais ils auraient jamais dû vendre Drogba pour acheter Luyundula, c’est une erreur colossale ! (rire)

Mat : J’ai entendu dans le camion en arrivant que Lyon était premier du championnat. Et Marseille j’en sais rien, j’espère juste qu’ils sont pas 18e !

Steph : En fait, on aime tout le monde sauf les Stéphanois. D’ailleurs on est banni de cette ville, on est allé jouer à Saint-Etienne et on a dit du mal de leur équipe de foot pour rigoler, mais ça les a pas fait rire… depuis on peut plus aller jouer là-bas ! (rire) Allez, le mot de la fin pour John le régisseur…

John : Allez les verts !

Interview réalisée par François au Ninkasi à Lyon, en compagnie de Christophe. Un grand merci à Gilles.

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PUNKRAWK N°6 Dec 2001

13 ETONNANT

Il ne faut parfois pas grand chose. A l'occasion des dernières productions Lollipop, Stéphane y ajoute la démo sept titres de son nouveau groupe, les Neurotic Swingers, un nom qui ne laisse planer aucun doute quant à leurs intentions. Les foudres de guerre sont déclenchées. On pleure de bonheur tant ce pétillant CD sans prétention nous replonge à la grande époque, les labels d'un même élan se précipitent à bras raccourcis sur la bestiasse.

Le quatuor posséde à son crédit une expérience consommée. Outre Stéphane à la guitare, on retrouve Pascal (Gasolheads) à l'autre guitare, Raphaël (Dollybird) au chant et à la basse et Mathieu (Sugarfix) à la batterie. Si la scène marseillaise commence à pratiquer l'inceste, c'est gage de bonne santé, mes cochons. Stéphane nous explique pourquoi les Neurotic Swingers : "C'est une histoire d'amitié. Nous avions tous envie de faire quelque chose ensemble. Nos activités respectives nous en laissent le temps. Nous voulions faire un truc dans l'esprit New York 75-76, à la Johnny Thunders, New York Dolls, Dead Boys, Ramones. Inconsciemment, nous avons aussi des influences contemporaines comme les New Bomb Turks par exemple." C'est en Juillet dernier que les acolytes ont commencé à bosser ensemble; le résultat est remarquable, abouti avec un vrai tempérament, une identité. "Au départ, on voulait essayer sans vraiment savoir ce que ça donnerait. On s'est dit que si ça nous convenait, on continuait. On prend du plaisir donc on va le faire le plus sérieusement possible. Les labels répondent favorablement puisqu'il y a un split single au Japon qui va sortir avec les Dogmatic Salamander sur Myrmecoleo Records. Shark attack va sortir quelque chose pour février, un single ou un 25 cm, ce n'est pas encore décidé". Les Neurotic Swingers prennent le sillage des gasolheads, TV Killers et autres perverses salacités du meilleur goût. Si tu m'crois pas, t'as quà écouter le CD mis à ta disposition banane

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